Entretien avec Claude Serfati
Dans son très récent ouvrage intitulé Le Militaire. Une histoire française (Ed. Amsterdam,
février 2017), Claude Serfati vise à fournir des éléments de réflexion à
celles et ceux qui veulent comprendre les fondements du militarisme
français et les raisons de son amplification au cours des dernières
années. Il décrypte la place du militaire et de l’industrie de
l’armement de l’époque de l’impérialisme à aujourd’hui, l’existence
continuée de la «Françafrique», et enfin le lien entre le regain
militariste et le dispositif sécuritaire déployé sur le territoire
depuis les attentats de 2015. Un livre qui doit être lu, alors que les
élections françaises saturent les écrans. (Réd. A l’Encontre)
Peux-tu, au-delà de cette brève introduction, nous décrire l’objectif – ou les objectifs – de cet ouvrage?
Claude Serfati: Il est nécessaire d’analyser et de
documenter les racines profondes du militarisme français. Son
intensification depuis la fin des années 2000 (Libye, Mali, République
centrafricaine) frappe beaucoup les observateurs, mais a donné lieu à
peu d’explications qui aillent au-delà de celles du type les «guerres du
président» (Sarkozy, puis Hollande). Il n’est pas question de nier le
rôle des chefs de l’Etat dans le cadre d’institutions de type
«bonapartiste» de la Ve République, toutefois leur décision d’aller en
guerre ne se réduit pas à une question d’«affects».
Un fait indique l’urgence d’un débat: alors que pour une nation, la
décision de faire la guerre est l’acte politique le plus important, il
n’existe aucun décompte officiel. C’est un reflet de l’attitude de la
société française vis-à-vis du militaire. Certains avancent le chiffre
de 111 interventions hors des frontières depuis 1991 (dont 25 en 2015).
Les présidents considèrent que le droit de faire la guerre les dispense
de rendre des comptes; le Parlement est réduit à un rôle subalterne, et
au mieux approbateur sur les questions de défense. Les citoyens et
citoyennes sont dépourvus d’ONG pacifistes assez puissantes pour servir
de contrepoids aux autres pouvoirs.
Sur les questions du militaire en France, il existe un consensus par
le silence qui est «assourdissant». L’absence de discussion des
questions de politique et d’économie de la défense au cours des
élections présidentielles en est une récente confirmation.
Comment expliques-tu ce constat qui a l’apparence d’une évidence?
Comme souvent, les facteurs anciens croisent d’autres plus
contemporains. La France présente, à mon avis, deux singularités
produites par la «longue durée». Le militaire a été au cœur de la
consolidation de l’Etat que ce soit sous forme de guerres, du rôle
social des militaires sous la monarchie absolutiste, ou même des
manufactures royales. Ainsi que les travaux de Charles Tilly [voir, par
exemple, Contrainte et capital dans la formation de l’Europe 990-1990, Aubier
1992] l’ont montré, cela n’est pas exceptionnel, mais les guerres de
conquêtes conduites par Louis XIV, puis Napoléon Bonaparte soulignent la
prégnance de l’institution militaire au sein de l’Etat. Depuis
l’expansion impérialiste de la France au XIXe siècle, l’institution
militaire a consolidé son enracinement avec une force toute particulière
sous la Ve République.
L’autre singularité de la France est l’omniprésence de l’Etat dans les rapports économiques et sociaux. Marx rappelle dans Le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte que: «l’Etat
enserre, contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société
civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à
ses mouvements les plus infimes». L’Etat, c’est concrètement «son armée de fonctionnaires d’un demi-million d’hommes et son autre armée de cinq cent mille soldats».
L’extension des fonctions économiques et sociales de l’Etat a certes
modifié cette répartition des effectifs, mais elle a surtout amplifié la
pénétration des institutions étatiques au cœur de rapports sociaux.
Ce n’est donc pas un hasard si depuis la Révolution française, en
passant par Napoléon Bonaparte, la Restauration, la Monarchie de
Juillet, Napoléon «le petit», la Commune de Paris et la IVe République,
les grandes convulsions sociales de l’histoire trouvent leur dénouement
dans une transformation radicale des formes de domination politique.
En
somme, l’interaction de ces deux singularités – l’armée au cœur de
l’Etat et l’Etat au cœur des rapports sociaux – a conféré à
l’institution militaire un rôle essentiel qui est plus important que
celui qui existe dans les autres pays occidentaux.
Quant aux facteurs contemporains qui expliquent ce «silence
assourdissant», l’accord droite-gauche facilite évidemment ce consensus.
Les partis qui ont alternativement dirigé les gouvernements sont
d’accord sur l’essentiel: l’arme nucléaire, la présence militaire
assortie d’interventions périodiques en Afrique subsaharienne, le niveau
de dépenses militaires. Tous revendiquent la poursuite des hausses
budgétaires décidées par la présidence Hollande afin d’atteindre un
ratio du budget de défense au PIB de 2%, ce qui signifierait une
augmentation d’au moins 15% de ce budget – de l’ordre de 5 milliards
d’euros par an, au minimum. Et ceci, sans compter l’engagement
inflexible en faveur de l’arme nucléaire qui nécessiterait un doublement
des crédits affectés au nucléaire d’ici à 2030 (passage de 3 à
6 milliards d’euros), selon le responsable de la DGA (Direction générale
de l’armement – Ministère de la Défense)
Pour expliquer ce silence sur les questions militaires, on peut
également remarquer la relative discrétion des mouvements anti-guerre et
des organisations politiques qui les animent. Les mobilisations menées
en France ont principalement visé l’impérialisme américain, comme ce fut
le cas en 2002-2003 contre l’intervention de ses armées en Irak pour
renverser Saddam Hussein. On a assisté à une sorte d’union nationale
derrière Chirac après qu’il se fut prononcé, à la suite de Gerhard
Schröder, contre cette intervention. Les envolées lyriques de Dominique
de Villepin devant le Conseil de sécurité des Nations Unies
[février 2003] ont pourtant pris place alors que le président de la
République avait déclenché quelques mois auparavant une opération
militaire en Côte d’Ivoire [1].
Plus de 4000 militaires français ont été présents dans ce pays,
témoignage du rôle persistant de la France dans ses anciennes colonies
et du soutien à un chef d’Etat qu’elle a, quelques années après,
contribué à renverser. Le débat qui fut organisé en 2003 par Carré Rouge et A l’Encontre
auprès d’intellectuels marxistes français constata leur silence sur
cette intervention française. Pour le dire un peu brutalement,
l’anti-impérialisme américain bien présent en France s’accommode
finalement assez bien de la discrétion sur le militarisme des
gouvernements français.
Enfin, dans un contexte de chômage permanent, qui frappe des millions
de personnes, l’angoisse de perdre leur emploi et l’espoir que leurs
enfants soient à leur tour embauchés dans les établissements présents
sur le territoire pèsent pour le moment plus lourd pour les salariés que
l’hostilité à la production d’armes et à son commerce lucratif pour les
industriels de l’armement mais mortifère sur les nombreux lieux de
guerre dans les pays où les armes françaises sont exportées. Des études
menées aux Etats-Unis (et présentées dans l’ouvrage) montrent pourtant
que les dépenses publiques consacrées à l’éducation, la santé et
l’environnement sont plus efficaces en termes de création d’emplois que
les dépenses militaires.
Pourrais-tu tracer les lignes de force d’une intervention politique dans ce domaine?
Convaincre les salarié·e·s de l’impasse vers laquelle conduit la
production d’armes et plus généralement de l’ampleur des détournements
de ressources financières pour une industrie qui ne crée aucune valeur,
sauf pour les actionnaires des groupes de l’armement, est difficile. Un
programme de reconversion des productions militaires exigerait, si l’on
suit Seymour Melman, une figure pionnière dans la critique de
l’industrie de défense aux Etats-Unis, trois éléments essentiels: une
décision politique au niveau gouvernemental et législatif; une
planification des objectifs; ainsi que des initiatives sur les lieux de
travail (usines, laboratoires, bases militaires).
Le débat national sur ces questions n’est pas contradictoire avec les
initiatives conduites au niveau territorial et des entreprises par les
salarié·e·s, les élu·e·s et les associations. C’est à ce niveau que des
projets peuvent être élaborés, qui organiseront la production sur de
nouvelles bases et reconvertiront les activités des entreprises à
spécialisation militaire vers des productions socialement utiles et non
destructrices de l’environnement, comme l’est la production,
l’utilisation et le stockage des armes. Par exemple, c’est seulement au
niveau des territoires et des entreprises qu’il est possible de dresser
une cartographie des emplois occupés dans la production militaire et
d’établir une correspondance avec ceux qui seront nécessaires pour les
nouvelles activités en termes de qualifications et de compétences. Ce
premier inventaire incomberait aux salarié·e·s, aux syndicats et autres
organisations qui sont prêtes à mener une telle action.
Depuis quelques années, les armées françaises interviennent plus fréquemment…
Il est vrai que les décisions de Sarkozy et de Hollande d’intervenir
en Libye, en République centrafricaine, au Mali ont donné un coup
d’accélérateur aux opérations militaires à l’étranger. Un rapport
parlementaire bipartisan se demande d’ailleurs s’il s’agit d’«une
passion française».
Pas de rupture, donc, mais une amplification du militarisme français,
dont d’autres signes témoignent: augmentation significative des
dépenses militaires sous la présidence Hollande, obstination à vendre
des armes quel que soit l’usage qui en est en fait par les clients
(utilisées par le gouvernement égyptien contre son peuple, par l’Arabie
saoudite contre les populations civiles au Yémen, etc.). En réalité, les
guerres n’ont jamais cessé, ni pendant la période de «coexistence
pacifique» entre les Etats-Unis et l’URSS, ni depuis les années 1990. La
France en tant qu’elle est une des grandes puissances militarisées
contribue directement ou indirectement à ces guerres. C’est donc
l’intensification des interventions françaises qui doit être expliquée.
L’association entre capitalisme et guerre paraissait évidente aux
marxistes et socialistes d’antan. Engels prévoit en 1887 une guerre
mondiale d’une intensité inconnue jusqu’alors et au cours de laquelle
«huit à dix millions de soldats s’entre-tueront» (il était optimiste:
l’extermination frappa 9,7 millions de soldats et près de 10 millions de
civils). Quelques années après seulement, en 1895, Jaurès rappelle dans
un discours sur «l’armée démocratique» que «votre société violente et chaotique, […] porte en elle la guerre, comme la nuée dormante porte l’orage».
Cependant, le déclenchement des guerres nécessite une analyse
concrète, faute de quoi on se livre à des généralisations hâtives. Les
dirigeants français qui ont décidé ces guerres l’ont fait dans une
configuration historique particulière que j’appelle le «moment 2008».
Celui-ci a combiné une modification radicale dans la situation
économique mondiale marquée par l’arrivée d’une «longue récession» dont
personne ne peut prévoir la fin avec une nouvelle donne géopolitique
marquée par le «printemps arabe» qui a renversé ou ébranlé des régimes
dans des régions où l’influence de la France est forte (Maghreb et
Machrek, Afrique subsaharienne, etc.) et par la prudence de
l’Administration Obama dans ses engagements militaires.
Une «fenêtre d’opportunité» s’est donc ouverte pour conforter le
militarisme des gouvernements français. Au-delà des «guerres du
Président», une expression qui indique l’ultra-centralisation qui est
présente de longue date, on peut citer comme facteurs: l’influence des
groupes financiers et industriels liés au militaire – que j’ai défini
comme le «méso-système de l’armement»; la montée en puissance de l’armée
dans la vie politique, en particulier au sein du groupe qui conseille
les présidents de la République Sarkozy et Hollande; le déclin
industriel et le déséquilibre dans le couple franco-allemand qui font du
militaire un des derniers «avantages comparatifs» de la France
vis-à-vis de son partenaire dans l’espace européen. Ces facteurs ont
convergé à un moment donné pour déclencher des interventions militaires
qui visent à défendre les positions géopolitiques et les intérêts
économiques là où ils sont menacés, c’est-à-dire d’abord sur le
continent africain.
Le dernier chapitre intitulé
«Vers l’état d’urgence permanent» établit une corrélation entre les
interventions militaires et l’installation dans l’état d’urgence…
Cet état d’urgence a été voté pour la première fois le 14 novembre
2015; il est donc à ce jour en place depuis près d’un an et demi.
L’histoire montre que les guerres menées par les dirigeants d’un pays
sont en général corrélées à une restriction des libertés publiques dans
leur propre pays. Ces guerres nécessitent en effet de bâtir une union
nationale solide, de rendre inaudibles les voix dissidentes, et souvent
de les réprimer. Il y a plus d’un siècle (en 1907), Karl Liebknecht, qui
en tant que député socialiste au Reichstag, fut le seul (avec Rosa
Luxemburg) à ne pas voter les crédits de guerre à l’empereur Guillaume
II, montrait dans un remarquable texte destiné à la jeunesse que
l’utilisation du militarisme ne servait pas seulement à l’extérieur du
pays, mais également contre la population de son propre pays, au premier
chef contre la classe ouvrière, mais également contre les minorités
nationales et religieuses.
Je montre dans mon ouvrage que dès le XIXe siècle, l’expansion
coloniale de la France a cheminé avec une utilisation de l’armée contre
les «ennemis intérieurs», à l’époque la classe ouvrière et les autres
classes laborieuses considérées comme des «classes dangereuses».
L’utilisation conjointe de l’armée et d’un arsenal répressif contre
les populations «dangereuses» est une constante dans toutes les guerres
menées par la France, y compris dans les guerres coloniales des années
1950. L’état d’urgence a été précisément créé en 1955 pour combattre les
luttes menées pour l’indépendance de l’Algérie.
La connexion entre guerres à l’extérieur et restriction des libertés
publiques à l’intérieur s’est fortement relâchée après la fin de la
guerre d’Algérie et l’état d’urgence qui fut à nouveau décrété en 1962
contre l’OAS. Au cours des décennies passées, les nombreuses
interventions militaires effectuées par l’armée française en Afrique ont
été menées sans conséquences majeures sur les libertés publiques en
France.
La situation actuelle est tout autre. En 2012 a été décidée par le
président de la République l’intervention française au Mali.
L’«éradication du terrorisme» a été réitérée après les attentats commis
en France en 2015. C’est un objectif aussi imprécis qu’illusoire tant
que les moyens militaires sont les seuls utilisés. La réalité est plutôt
celle de la présence de l’armée française dans des anciennes colonies
africaines qui s’est consolidée. Cette situation rappelle les
protectorats de l’ère de l’impérialisme d’il y a un siècle et semble
promise à durer. Cette restriction des libertés publiques via l’état
d’urgence constitue le troisième élément d’un triptyque dont les deux
autres sont l’engagement militaire accru de la France et les attentats
sur le territoire métropolitain.
L’état d’urgence et sa pérennisation depuis 2015 impliquent par
définition une restriction des libertés publiques. Il a été utilisé pour
entraver les mouvements sociaux contre la loi El Khomri. Il est
principalement utilisé contre les jeunes, nés de parents ou
grands-parents immigrés, qui cumulent en France des obstacles de classes
et ethniques. Les minorités ’visibles’ le sont plus encore lors des
contrôles de police, comme l’ont montré à la fois les études des
chercheurs, les tests d’embauche réalisés par SOS racisme et d’autres
ONG, et récemment la Cour de cassation qui a condamné l’Etat – en fait
la police – pour «contrôle d’identité discriminatoire».
La
relation entre l’interventionnisme à l’extérieur et le développement
sécuritaire à l’intérieur a pris une nouvelle ampleur avec la phase de
mondialisation du capital dominée par la finance. J’avais critiqué dans
la Mondialisation armée, publiée avant le 11 septembre 2001, le
mythe développé par les économistes et les politistes qui, dans leur
apologie de l’ordre néo-libéral, nous expliquaient que les «marchés»
allaient apporter la paix et la démocratie dans le monde. Cette
mondialisation au format ’PDF’ (Peace-Democracy-Free trade) ignorait que
le capitalisme n’est pas seulement un mode de production, il est un
régime de domination sociale qui a besoin d’un «bras armé». Depuis une
quinzaine d’années, les doctrines stratégiques nous annoncent
l’effacement des frontières entre menaces extérieures et intérieures,
économiques et non-économiques, étatiques et non-étatiques. On a
beaucoup mentionné les restrictions des libertés démocratiques mises en
œuvre par l’Administration Bush après le 11 septembre – que Donald Trump
a décidé d’amplifier.
La France est, si l’on ose dire, mieux placée encore pour subir les
remises en cause des libertés. L’article 16 de la Constitution [«pleins
pouvoirs», «pouvoirs exceptionnels»], l’état de siège figurent dans
l’arsenal constitutionnel et constituent avec l’état d’urgence un
«cocktail explosif», pour reprendre les termes d’Olivier Beaud et Cécile
Guérin-Bargues, deux professeurs de droit public [L’état d’urgence. Etude constitutionnelle, historique et critique,
Ed. L.G.D.J, novembre 2016]. Le durcissement des tensions sociales, un
nouvel attentat qui frapperait en masse la population pourraient activer
ces mesures constitutionnelles et donner des responsabilités
supplémentaires non seulement au président, mais également aux appareils
militaires et sécuritaires chargés de leur mise en œuvre. Pas besoin
d’imaginer un golpe installant un dictateur, tel que l’Amérique
latine en a connu, pas même un coup d’Etat similaire à celui de 1958 en
France, qui a résulté de la crise politique au sein de l’armée et dont
les institutions de la Ve République sont issues. (20 avril 2017)
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[1] L’opération Licorne qui a pris fin en 2015 avait été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU.
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Claude Serfati: ancien maître de conférences en
économie, habilité à la direction de recherches. Ses recherches
principales portent sur l’économie politique de la mondialisation et
l’économie industrielle. Chercheur associé à l’Institut de recherches
économiques et sociales (IRES) et au CEMOTEV (Université de
Versailles-Saint-Quentin). Membre du Conseil scientifique d’ATTAC. Il a
notamment publié L’Industrie française de défense (2014), Impérialisme et militarisme. Actualité du XXIe siècle (2004) et La Mondialisation armée (2001).
source : http://alencontre.org/europe/france/france-les-dirigeants-francais-ont-decide-ces-guerres-dans-une-configuration-historique-particuliere-le-moment-2008.html
source : http://alencontre.org/europe/france/france-les-dirigeants-francais-ont-decide-ces-guerres-dans-une-configuration-historique-particuliere-le-moment-2008.html