Il arrive
qu’une cause soit en même temps d’une urgence vitale immédiate pour une
personne et qu’elle représente toute une situation politique et toute une
histoire, tout le combat de la vérité humaine contre le mensonge déconcertant.
C’est le cas de Maksym Butkevych.

Maksym
Butkevych est aujourd’hui un prisonnier de l’armée russe, sans doute quelque
part dans l’oblast de Louhansk occupé. Prisonnier de guerre, donc, mais en même
temps menacé depuis sa capture, le 24 juin, d’être victime d’un procès stalinien
en 2022, un procès stalinien si typique du poutinisme, de ce que les Ukrainiens
appellent aujourd’hui le « rashisme ». Car sitôt prisonnier, ils l’ont exhibé
sur une vidéo – il ne dit rien – en le présentant comme un « nazi », de
l’espèce la plus redoutable. Fin août, nous l’avons revu dans une autre vidéo
de propagande, parmi d’autres prisonniers auxquels on « permet » de téléphoner
chez eux, sous la caméra russe. Il fait partie de ceux qui ne disent rien, ne
font rien – ses cheveux ont blanchi en un mois et demi. Mais on pouvait
supposer qu’au moins, cette vidéo indiquait qu’il était considéré comme un
prisonnier de guerre, ce qu’il est, et non comme un « nazi » très dangereux.
Depuis, cependant, il semble que les forces d’occupation pensent toujours à monter
un "procès".