dimanche 16 octobre 2022

La situation actuelle en Iran a un potentiel révolutionnaire

 Chowra Makaremi : « La situation actuelle en Iran a un potentiel révolutionnaire »

L’annonce des autorités iraniennes, qui ont affirmé dimanche que Mahsa Amini était décédée « des suites d’une maladie » et non de coups, n’est pas de nature à calmer la colère des Iraniens, qui entrent dans leur quatrième semaine de manifestations.
 
Par Maël Galisson, le 11 octobre 2022, Middle East Eye

En Iran, le mouvement de contestation, dont l’étincelle a été le décès de la jeune Mahsa Amini, est entré dans sa quatrième semaine. Alors que l’ayatollah Ali Khamenei est sorti de son silence pour « les États-Unis, le régime sioniste usurpateur Israël et certains Iraniens traîtres » d’être à l’origine de la protestation, les manifestants font désormais face à une violente répression qui a déjà fait 185 victimes selon l’ONG Iran Human Rights, IHR).

Chowra Makaremi, anthropologue à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, mène un travail de recherche sur les massacres de masse post-révolutionnaires perpétrés en Iran et les enjeux de mémoire liés à ces violences d’État. Dans cet entretien avec Middle East Eye, elle décrypte les raisons et la nature du mouvement de révolte en cours.

Middle East Eye : Quelles sont les racines profondes du soulèvement en cours en Iran ?

Chowra Makaremi : Les causes sont multifactorielles. Ce mouvement de révolte survient dans un contexte de crise économique qui dure depuis longtemps, accentuée par les sanctions internationale qui ont particulièrement appauvri et étouffé la classe moyenne.

Cette crise économique a totalement comprimé la classe moyenne, qui n’est désormais plus en mesure de maintenir son niveau de vie habituel. Ce qui est ressenti comme une régression considérable.

Par ailleurs, les jeunes Iraniens n’ont pas de débouchés professionnels car le marché du travail est totalement bloqué. (...)

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